Le 13 février, au camp des Garrigues, près de Nîmes, s’est tenu, sous l’égide de la 6e BLB (Brigade légère blindée), l’exercice Garrigues Fury 2014. L’occasion unique pour un MV-22 Osprey du corps des Marines (USMC) de réaliser une série de manœuvres d’intervention ciblées au profit d’une petite force mixte franco-américaine de commandos.
Il s’agissait pour une trentaine de Marines de s’entraîner à un assaut aérien ciblé en compagnie d’autant de Marsouins de la 1ère compagnie du 21e Régiment d’Infanterie de Marine de Fréjus. Selon le scénario retenu, ces hommes devaient capturer «en territoire ennemi», dans une ferme isolée et fortifiée, «un chef terroriste» puis procéder à son extraction à bord d’un MV-22, birotor de transport de troupe ravitaillable en vol et particulièrement rapide (500 km/h en vitesse de croisière), construit par Bell-Boeing, et que les forces US sont les seules à posséder actuellement.
Cette machine était arrivée de sa base d’attache de Morón (près de Séville). Toute l’opération d’extraction, qui a duré un peu plus de deux heures, s’est traduite par trois assauts du MV-22 débarquant une vingtaine de Marines ou de Marsouins à chaque fois, suivis de cinq récupérations des troupes débarquées, du «chef terroriste» et d’un «blessé» médicalisé.
Dans la réalité, l’opération aurait nécessité le concours d’au moins trois MV-22 agissant de concert, mais il ne s’agissait que d’accoutumer les hommes du 21e RIMa à travailler avec cette machine, comme avaient pu le faire l’an passé les légionnaires du 2e REI.
L’US Marine Corps met, depuis l’année dernière, à disposition d’Africom, sur la base de Morón, un détachement de six MV-22 soutenu par une paire de ravitailleurs KC-130J et une Rapid Reaction Task Force de 550 Marines.
Récemment, un petit détachement de ces machines (2 MV-22 et 1 KC-130J) s’est déployé sur la base aéronavale de Sigonella en Sicile, en compagnie de 200 Marines, pour être plus près du territoire libyen. Il s’agit bien pour l’USMC de se tenir prêt à agir en quelques heures, afin de ne pas laisser se reproduire des événements comme l’attaque, en septembre 2012, de l’ambassade américaine de Benghazi — mais également d’assurer des opérations discrètes de Combat SAR (Resco) ou de contre-terrorisme. Au besoin, assistés d’éléments français sur des théâtres où pourraient être engagés des soldats des deux pays.
En dépit des controverses passées sur la sécurité d’utilisation soulevées lors de son développement — principalement liées à son système complexe de rotors basculants et aux lois aérodynamiques de translation, alors non complètement gérées par son calculateur de pilotage et ayant entraîné plusieurs accidents mortels —, le MV-22 est une machine aux performances exceptionnelles, dont les militaires français avaient pu, de loin, apprécier les qualités en février 2012, lors de l’exercice Bold Alligator.
Courant janvier, au large des côtes de l’Afrique de l’Ouest, lors d’un exercice entre les flottes française et US, un MV-22 a apponté sur le BPC “Dixmude” prouvant par là son interopérabilité complète avec ce type de bâtiment. Aujourd’hui, tous les types de voilures tournantes mises en œuvre par l’USMC, sans exception, peuvent se poser sur les BPC, y compris les hélicoptères lourds CH-54 Super Stallion.
Du niveau de prix unitaire d’un Rafale et aussi lourd à la masse maximale au décollage (27 tonnes), chaque MV-22 peut transporter deux douzaines de combattants sur plusieurs milliers de kilomètres grâce au ravitaillement en vol. C’est dire qu’il s’agit d’une machine parfaitement adaptée aux opérations coup de poing discrètes dans la profondeur du genre “hit and run”, ce que ne peuvent pas faire les hélicoptères de transport purs qui croisent à des vitesses deux fois moindre.
A l’heure actuelle, quelque 150 MV-22 ont été livrés à l’USMC sur un objectif final initial de 400 appareils environ. Deux douzaines d’exemplaires (CV-22) sont également en service dans l’US Air Force, où ils ont remplacé depuis quelque temps les hélicoptères MH-53J Pave Low des forces spéciales utilisés pour l’insertion/extraction de commandos. Seules les armées japonaise et israélienne ont, pour l’heure, manifesté leur intérêt pour acquérir des MV-22 Osprey.