Il y aurait désormais une « brigade française » d'al-Qaïda en Syrie. Pour en témoigner : Seyf al-Qalam, un homme de 27 ans, qui a grandi en région parisienne. Il est arrivé en Syrie en juillet 2013 avec sa femme et ses deux enfants, et il fait partie de cette brigade, au sein du Front al-Nosra, après avoir d'abord combattu au sein d'un groupe rival dissident d'al-Qaïda, l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL).
Pourquoi avoir créé une « brigade » constituée de Français ?
La plupart des Français ne maîtrisent pas l’arabe. Quand tu te retrouves sur un front et que ton émir ne parle que l’arabe, comment veux-tu être opérationnel si tu ne comprends pas ses ordres ? […] C’est pour ça que les gens qui ont été expérimentés avant nous ont décidé de se réunir. Il y a déjà des groupes de Marocains, d’Américains, d’Allemands, de Français. C’est surtout pour être compris et se faire comprendre sur le front.
Et cela vient des Français et non pas de groupes jihadistes comme le Front al-Nosra ou l’Etat islamique en Irak et au Levant. Des fois, quand des Syriens me parlent, je ne comprends rien.
Combien de moudjahidines compte la « brigade française » du Front al-Nosra ?
On est plus d’une centaine et encore ce n’est que le début.
Des gens qui se sont rencontrés comment ?
Via les réseaux sociaux : Facebook, Skype, Twitter. Et la plupart sont des gens qui se connaissaient en France avant.
Selon le ministère français de l'Intérieur, 700 Français seraient actuellement concernés par le jihad en Syrie, 250 seraient au combat. Y a-t-il la volonté de rentrer en France pour y mener des actions violentes ?
Dans notre groupe de Français, la question ne se pose même pas, et on n’en parle même pas. Pour nous, le califat, comme il a été du temps de nos prédécesseurs, va de Tanger à Djakarta. Qu’est-ce que l’Europe a affaire là-dedans ?
Après il faut remettre ça dans le contexte de la guerre : si la France vient ici et combat les moudjahidines, il faudra très certainement s’attendre à des répercussions. Parce que la guerre, elle est belle quand elle est loin de la maison, c’est facile de s’engager sur une terre où il n’y a pas de répercussions sur son propre sol.
En même temps, quand on pose la question aux Français de l’Etat islamique en Irak et au Levant, eux souvent répondent qu’il faut procéder à des attaques sur le sol français…
C’est leur avis. On a tous des avis différents. Pour moi, personnellement, la terre de jihad, elle est ici. Tant que la France ne s’immisce pas dans ces affaires-là, à mon sens elle n’a rien à craindre. Mais après ce qu’il s’est passé au Mali, en Libye, en Afghanistan, je comprends que certains frères veulent aller combattre là-bas en France.