Le 26 novembre dernier, afin de neutraliser toute opération de reconnaissance américaine au-dessus de son territoire, l’état-major de l’APL a promulgué, sans aucune consultation préalable, une zone d’identification et de défense aérienne (ADIZ) de 200 nautiques à l’est de la mer de Chine, en obligeant tout aéronef civil ou militaire à communiquer aux autorités chinoises son plan de vol.
En frôlant le nord des côtes taïwanaises et en intégrant les îles Senkaku, revendiquées par le Japon, et l’îlot de Socotra, revendiqué par la Corée du Sud, le gouvernement de Xi Jinping est parvenu à lever contre lui tous les pays de la zone.
De manière quasi simultanée le Japon, la Corée du Sud, l’Australie, et l’ensemble des nations situées au sud de la mer de Chine ont déclaré qu’elles refusaient de reconnaître ce “diktat”, et les B2 américains comme les P3 japonais ont multiplié les intrusions en guise de symbole.
L’étude des trajectoires de vol des bombardiers H6 et des avions de patrouille maritime Y8 en 2013 semble démontrer que Pékin considère désormais Taïwan, les Senkaku et Socotra comme parties intégrantes de son territoire. Cette première zone, véritable instrument de projection vers l’est, ne serait qu’une première étape. L’Académie du commandement aérien de l’APL aurait préparé les plans d’une seconde zone permettant, cette fois, une projection vers l’ouest et positionnée au sud de Taïwan. A terme, d’autres zones permettraient de quadriller toute la mer de Chine, l’ensemble du dispositif étant centré sur les îles Hainan et Xishan. L’analyse du nouveau dispositif militaire chinois démontre que cette stratégie n’est nullement défensive.
Le Japon en est la première cible avec, à 730 km d’Okinawa, la quatrième division aéronavale de Luqiao, les Su30MK2 de la base de Ningbo, les JH7A sur les bases de Yiwu et Hangzhou, les Su30 MKK à Quzhou, ainsi que les sous-marins Kilo et les destroyers de la classe Sovremenny sur la base navale de Ningbo. Quant à la Corée du Sud, Séoul n’est qu’à 423 km de la base aérienne de Weifang. Enfin la seconde ADIZ, au sud de Taïwan, permettrait de surprendre le Vietnam, dont les côtes ne sont qu’à 240 km de la base aérienne de Ledong sur l’île d’Hainan, qui se prépare également à accueillir le second porte-avions ainsi que le nouveau SNLE de la classe Yin sur la base de Sanya, ou encore les Philippines à 237 km de l’île Scarborough Reef.
Pour autant, on ne peut pas exclure le fait que cette démonstration de force ne soit qu’une manœuvre politicienne. Certes, le système politique chinois est désormais contrôlé par la génération des gardes rouges et de ses artefacts (jeunesses étudiantes, rebelles rouges, élite rouge…). Caractérisée par son arrogance, son agressivité et son mépris du droit international, cette génération est convaincue du déclin imminent des Etats-Unis, et de sa supériorité face au Japon et à l’Inde, considérés comme décadents.