Selon nos informations, l'industriel français ATE (Aéronautique et technologies embarquées) vient de se faire interdire par la CIEEMG (Commission interministérielle d'études des exportations de matériel de guerre) de signer un contrat de fourniture de plusieurs centaines de millions d'euros d'équipements à l'armée de l'air pakistanaise. Cette décision, qui était pendante depuis plusieurs mois, met un terme à cinq années de négociations. Celles-ci étaient sur le point, confirme-t-on de source bien informée, d'aboutir à la vente par la France d'équipements destinés à être installés sur des avions JF-17 de conception chinoise, fabriqués au Pakistan. Selon les termes de l'autorisation initiale donnée par la CIEEMG en 2008, la société ATE fondée par un ancien ingénieur de Dassault Aviation aurait installé à bord de ces appareils des radars RC 400 de Thales, des missiles Mica produits par MBDA. Les calculateurs de bord auraient été fournis par ATE, qui a acquis une bonne spécialité dans ce domaine. Les 50 premiers JF-17 seront équipés de système chinois, mais les Français espéraient équiper la suite de la série, prévue pour 350 avions. Non précisé, le montant total du contrat serait de l'ordre de 15 millions d'euros par appareil équipé.
De source bien informée, on relève plusieurs raisons pour l'interdiction de ce contrat, pour lequel une autre société française, ASTRAC (joint venture Thales/Sagem) a présenté des offres au Pakistan. On observe de bonne source que Paris préfère soutenir les grands industriels de la place, et que "la France doit éviter que ça tire à hue et à dia entre les industriels". Autre remarque : "Il convient de mettre les voies diplomatiques en phase", ce qui indique clairement que l'Élysée préfère soutenir les gros contrats en discussion avec l'Inde, qui ne souhaite plus voir la France demeurer un fournisseur des armées pakistanaises. Petit détail : le budget militaire pakistanais est six fois inférieur au budget indien !
ATE est une entreprise d'armement particulière, car il s'agit d'un "intégrateur", qui achète ses équipements chez divers industriels avant de les installer sur les matériels de ses clients. Fondée en 1985, elle a d'abord travaillé en Afrique du Sud, avant d'installer sa base industrielle à Aix-en-Provence, où elle comptait créer 200 emplois grâce au contrat pakistanais. ATE a bâti sa prospérité notamment en remettant à neuf des matériels aéronautiques d'ancienne génération (Mirage français, hélicoptères russes, etc.). Sollicitée par Le Point, la société ATE n'a pas souhaité communiquer.
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Le gouvernement bloque un contrat de ventes d'armements au Pakistan
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