Depuis environ 100 jours à la tête de DCNS, mais fort de 30 ans d’expérience dans l’industrie de l’armement, Hervé Guillou se dit prêt à saisir toute opportunité, petite ou grande, pour consolider son secteur.
Le britannique BAE Systems Maritime, le français DNCS, l’italien Fincantieri, l’espagnol Navantia, l’Allemand TKMS... Ils sont tous là à Euronaval, le salon de défense navale qui a ouvert ses portes le 27 octobre dernier au parc des expositions de Paris-Le Bourget. Ils exposent sur leurs stands des maquettes de leurs futurs sous-marins ou navires de surface. De toute évidence, la consolidation tarde à arriver dans le secteur de la défense navale malgré les différentes tentatives survenues par le passé. L’Europe avance donc en ordre dispersé alors que d’autres pays aspirent à devenir des puissances industrielles comme la Corée du Sud, la Turquie, la Chine qui exposent sur le salon…
Dans ce contexte, Hervé Guillou nouveau patron de DCNS depuis juillet dernier, s’est dit prêt à participer à une consolidation du secteur : "Je ne peux faire aucune prévision concernant une éventuelle consolidation ou m’engager sur un calendrier mais je m’engage à être prêt si un tel moment se présente". Fort de ses trente ans d’expérience dans le domaine de l’industrie d’armement, Hervé Guillou a donné ses recettes pour réussir là où ses prédécesseurs se sont cassés les dents.
Patience, opportunité, modération, soutiens
Primo, savoir faire preuve de patience. Le nouveau patron de DCNS a cité en exemple le cas de l’industrie de l’armement terrestre. Les fabricants de blindés français et allemands Nexter et Krauss Maffei Wegman discutent actuellement des modalités de leur rapprochement… 25 ans après les premières discussions qu’il a lui-même initiées lorsqu’il était délégué général à l’armement au tournant des années 1990. "Tout le monde se gaussait que rien n’arrive. Et finalement, les choses bougent", se réjouit-il.
Secundo, saisir l’opportunité rapidement. Surtout lorsqu’elles sont aussi rares qu’un alignement d’étoiles exceptionnel. "Nous devons simplement être prêts au cas où l’occasion d’un rapprochement se présente. Il faut pour cela que les étoiles soient correctement alignées, c'est-à-dire quand il y a un consensus entre les dirigeants des entreprises concernées, des ministres de la défense concernés, et qu’un programme d’armement le favorise", explique ce partisan de l’Europe de la défense.
Tertio, faire preuve de modération. "Une des erreurs que nous avons faites par le passé est d’avoir pensé uniquement à des rapprochements de très grande taille qui auraient donné naissance à un EADS du secteur naval par exemple. Soyons plus pragmatique et prêts à réaliser des partenariats, des joint-venture, des acquisitions de tailles plus modestes", précise Hervé Guillou. Clairement, l’échec de la méga fusion entre le groupe Airbus (alors EADS) et le britannique BAE Systems en 2012 a laissé des traces chez cet ancien cadre d’EADS qui avait participé au montage du projet censé donner naissance à la première société du secteur aéronautique et défense au niveau mondial !
Et enfin, avoir les soutiens nécessaires. Dans sa volonté de consolidation, Hervé Guillou s’est déjà assuré de soutiens importants. "Avec mes actionnaires [ndlr: l’Etat et Thales détiennent respectivement 64 et 35% de DCNS] nous sous sommes mis d’accord sur cette ligne : être prêt au cas où".
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DCNS "prêt" à toute opération de consolidation dans le secteur naval
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