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FX-2 : au Brésil le feuilleton continue !

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Comme pour être sûre de son acquisition, la Força Aérea Brasileira a signé avec Saab le contrat pour l’achat de 36 chasseurs Gripen NG, le vendredi 24 octobre, à la veille du second tour des élections présidentielles remportées de justesse par l’actuelle présidente Dilma Rousseff.
Aux termes de cet important contrat, curieusement signé en l’absence du ministre de la Défense, Celso Amorim, et de l’indéboulonnable chef d’état-major de la FAB, le général Juniti Saito (72 ans), le premier exemplaire d’avion du programme F-X2 (maintenant désigné F-39 Grifo) devra être livré en 2019 et le dernier en 2024. La mise en service opérationnelle du chasseur étant attendue pour 2022, soit presque une décennie après le retrait des chasseurs F-2000 (alias Mirage 2000 C).
Ce contrat englobe la formation complète des pilotes et des mécaniciens en Suède, le soutien logistique de l’industriel suédois (ainsi que de la force aérienne royale suédoise) de même que l’incontournable transfert de technologie au profit de l’industrie brésilienne, à propos duquel le flou reste savamment entretenu, autant à Brasilia qu’à São José dos Campos, siège de la société nationale Embraer, partenaire obligé de ce programme.
Mais la signature, en toute hâte et sans publicité, de ce contrat, à la veille d’une élection clé, entre la COPAC et la firme Saab par un simple général deux étoiles, le Brigadeiro do Ar José Augusto Crepaldi Affonso, soulève bien des questions. Et ce sont les parlementaires de la Comissão de Relações Exteriores e de Defesa Nacional (CREDN) de la chambre fédérale, qui vont se charger d’obtenir des réponses claires dans les jours et semaines qui viennent. Ils ont en effet convoqué pour cela le ministre Celso Amorim, le commandant de la FAB, le Tenente-Brigadeiro do Ar Juniti Saito, et le président de la COPAC, le Brigadeiro do Ar José Augusto Crepaldi Affonso, pour qu’ils expliquent comment le gouvernement a pu s’engager sur une telle décision précisément entre les deux tours des élections, et sans attendre la présentation du budget fédéral 2015 qui s’annonce très difficile, vu les circonstances économiques nouvelles auxquelles doit faire face le pays.
Échelonné sur cinq ans et plus ou moins arc-bouté sur une croissance économique envisagée de 3 % et un baril de pétrole oscillant entre 110 et 120 dollars, le budget d’acquisition du F-X2 va néanmoins se heurter à deux gros écueils. Premièrement la stagnation économique qui frappe rudement le pays, maintenant au bord de la récession, et puis surtout la brutale et importante baisse du prix du pétrole intervenue depuis l’été. Approchant les 110 dollars le baril en juin, il a aujourd’hui perdu plus de 27,50 dollars, soit très exactement plus du quart de sa valeur (référence WTI) ! Or, fort de ses nouveaux gisements pétroliers off-shore, le Brésil attendait tout de son or noir sorti des profondeurs de l’Atlantique, au large des côtes de l’Etat de Rio de Janeiro. A 80 dollars le baril, il ne faudra pas attendre des miracles en matière de revenus, ces recettes exceptionnelles permettant de régler les nombreux autres problèmes qui se posent à ce pays toujours émergent, notamment en matière de financement d’infrastructures, de santé et d’éducation.
Inquiets de l’éventualité de l’arrivée au pouvoir du candidat de l’opposition Aécio Neves da Cunha, autant le ministre de la Défense que le chef d’état-major de la FAB auraient-ils précipité la signature du contrat avec Saab ? Surprenant dans un pays où la hâte ne figure pas dans les habitudes gouvernementales.
C’est à la requête expresse des députés Rubens Bueno du PPS et Duarte Nogueira du PSDB — qui ne font pas partie de la coalition au pouvoir depuis douze ans — que la CREDN va tenter de savoir pourquoi la valeur finale du contrat signé avec Saab est passée en moins d’un an d’un montant de 4,5 milliards de dollars à 5,4 milliards. «Ceci représente une augmentation de 20 % par rapport au montant du contrat annoncé initialement par le ministre Amorim», a expliqué Rubens Bueno à la presse. Selon Duarte Nogueira, «la valeur de la transaction, selon ce qui a été révélé, a dépassé de 900 millions de dollars ce qui avait été annoncé par le gouvernement en décembre 2013». La FAB, de son côté, a nié que l’annonce de l’achat ait été influencée par le processus électoral.
Il reste que, au sein de l’équipe du perdant à l’élection présidentielle, Aécio Neves, très nombreux sont ceux qui se posent des questions sur les circonstances de la signature du contrat et sur les dépassements de coût. Tout comme sur la valeur technologique du choix fait par la FAB de l’avion suédois, qui était le moins performant des trois chasseurs encore en lice en 2013… Certains évoquent ouvertement les pressions d’Embraer, avant tout soucieux de ne pas voir l’interminable programme F-X2 venir contrecarrer le développement de son nouveau bimoteur de transport KC-390 et surtout son financement par le budget de la FAB !



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