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L’exécutif américain autorise la vente de chars lourds à l’Irak

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Alors que l’Irak continue de faire face au groupe Etat islamique, Bagdad réclame aux Etats-Unis de pouvoir acheter le meilleur de sa technologie militaire. Le département d’Etat vient de donner son accord de principe pour la vente de blindés lourds et de véhicules de combat pour un montant de trois milliards de dollars.

175 chars lourds de combat M1A1 Abrams. 1000 véhicules blindés légers Humvees. Le tout accompagné d’armements de gros calibres. C’est ce que le département d’Etat américain et le département de la Défense viennent d’accepter de vendre à l’Irak, vendredi 19 décembre, pour un montant estimé à près de trois milliards de dollars (2,45 milliards d’euros).

Cette « notification de vente potentielle » est un accord de principe de la part de l’exécutif américain, avant tout commerce d’armement. Elle doit encore être validée par le Congrès avant que Bagdad ne puisse officiellement contacter les industriels concernés pour passer commande. Les parlementaires américains, relativement unanimes sur le besoin d’équiper les Irakiens, ne devraient logiquement pas s’opposer à un tel contrat.

Un marché à 10 milliards

Cette dernière notification vient s’ajouter à une longue liste, publiée tout au long de l’année 2014 alors que l’Irak subissait les conquêtes de l’organisation Etat islamique (EI). En plus de ces chars et de ces blindés légers, 24 hélicoptères de combat Apache (6,1 milliards de dollars), 5000 missiles sol-air Hellfire (700 millions de dollars), 46 000 obus (600 millions de dollars) ou encore des avions légers de combat Beechcraft AT-6 (790 millions de dollars) ont notamment été réclamés par Bagdad.

Pour les industriels américains, la nouvelle est bonne. Sans être comparable au marché interne, ces commandes potentielles de l’armée irakienne représenteraient une manne très confortable. « Dans un contexte où l’Irak se tourne de plus en plus vers la Russie, tout contrat est bon à prendre, estime Maya Kandel, spécialiste des Etats-Unis à l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (Irsem). Surtout avec des équipements dont la production est remise en question. »

Les prospectives de l’armée américaine pour leurs futurs équipements remettent en effet en question la pérennité de matériels comme le Humvee ou le M1A1 Abrams. L’armée de terre estime en effet que ce dernier a vécu et que son fabricant, General Dynamics, a largement surestimés les besoins nationaux.

Reste que ces montants et ces ambitions sont, pour l’Irak, plus que conséquents. « Je m’interroge sur la capacité de l’Irak à payer de telles sommes, note le directeur adjoint de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), Jean-Pierre Maulny. Tout va dépendre de leur capacité à exporter du pétrole dans les années à venir. » Avec un budget militaire proche de 15 milliards de dollars par an, Bagdad se montre en effet très optimiste en envisageant l’acquisition de matériels aussi chers. L’Irak pourra pourtant, le cas échéant, compter avec le Pentagone qui peut se porter garant et faciliter la transaction en garantissant le risque auprès des industriels.

Des armes pour quoi faire ?

Dans sa dernière notification de vente potentielle, le département d’Etat américain assure que « cette proposition de vente contribuera à la politique étrangère et à la sécurité nationale des Etats-Unis en aidant un pays ami à améliorer sa sécurité », puisque « l’Irak utilisera les tanks M1A1 Abrams pour améliorer sa capacité à se mobiliser rapidement et à sécuriser sa frontière ». Un autre moyen, estime le pouvoir exécutif américain, de lutter contre le groupe EI dans ce pays. Le tout, assure le communiqué officiel, « sans altérer l’équilibre militaire de la région ».

Si les Irakiens utilisent déjà un nombre conséquent de matériels américains, dont notamment le fameux Abrams, ils manquent largement de savoir-faire et de moyens d’entretien. Sur les 140 chars lourds dont disposait déjà Bagdad, au moins une trentaine a été endommagée par les jihadistes… sans que les Irakiens ne puissent les réparer, faute de pièces de rechange et de compétences logistiques. De la même manière, alors que les premiers avions de combat F-16 commandés en 2012 arrivent enfin sur le sol irakien, la pénurie de pilotes rend leur utilisation encore tout à fait exceptionnelle.

Ces projets commerciaux illustrent cependant une tendance sur le long terme. Les perspectives les plus optimistes laissent entendre que les livraisons pourraient commencer à s’échelonner au mieux à partir de l’été prochain. « C’est une politique de préparation de l’avenir, note Jean-Pierre Maulny. Les Irakiens n’ont pas le choix. »



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