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La frégate Normandie vendue à l'Égypte : joli contrat ou cadeau empoisonné ?

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Le client est roi ! Et pour répondre rapidement aux exigences du maréchal-président al-Sissi, le nouvel ami de la gauche française qui voulait bien commander une frégate multi-mission FREMM, il fallait que celle-ci fût livrée avant le mois d'août 2015. Impossible de faire aussi vite, sauf à lui vendre un bâtiment terminé, sur le point d'entrer en service dans la marine nationale. C'est donc la solution qui a été choisie. Cette procédure inhabituelle n'est pas choquante par principe, et la marine nationale n'a pas contesté la nécessité du sacrifice sur l'autel de la réussite d'un beau contrat export.

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Le navire, facturé 650 millions d'euros, sera vendu environ un milliard à l'Égypte, le supplément de 350 millions (plus de la moitié du prix du navire) étant constitué par un ensemble de munitions et de services. Ces derniers étant notamment destinés à former l'équipage, ce qui ne s'improvise vraiment pas sur un navire aussi technique, à la pointe mondiale de la modernité, et doté d'un équipage réduit au strict minimum. C'est aujourd'hui le fleuron de son constructeur DCNS, qui conclut ainsi son deuxième contrat export, après la vente d'une première FREMM au Maroc. L'Égypte devient l'un de ses meilleurs clients, après avoir déjà acheté en 2015 quatre petites corvettes Gowind, pour un total d'un milliard d'euros.
La marine veut ses six FREMM

L'amiral Bernard Rogel, chef d'état-major de la marine nationale, a confirmé lors d'une récente rencontre avec l'Association des journalistes de défense qu'il ne voyait pas d'inconvénient à la cession d'un navire français à l'Égypte. Il a cependant ajouté une précision sibylline à propos de ces FREMM : "Du moment que DCNS me garantit d'en avoir quatre d'ici à fin 2016, et six d'ici à fin 2018, alors, ça va !"

De fait, la loi de programmation militaire 2014-2019 (LPM) prévoit bien que la marine disposera de 6 FREMM, non pas fin 2018, mais fin 2019. Ce petit détail mis à part, il y a quand même un problème. Car pour que la frégate Normandie soit remplacée dans l'arsenal français d'ici fin 2019, il faudrait que DCNS accélère sa production en ajoutant une FREMM à son programme industriel. Après l'avoir réduite ces dernières années, non sans négocier de substantielles compensations financières avec l'État ! Cette option ne paraît donc pas réaliste, d'autant plus que DCNS a désormais adapté son plan de charge pour le rendre conforme au rythme ralenti de la LPM.
650 millions d'euros pour la Défense ?

Le dossier n'est pas rendu plus simple par plusieurs autres considérations : tout d'abord, la frégate Normandie est pratiquement intégralement payée. Second point : il ne s'agit pas d'un programme franco-français mais européen (franco-italien en l'espèce), géré par un organisme européen, l'OCCAR (Organisme conjoint de coopération en matière d'armement).

De quelque point de vue que l'on examine cette question, les 650 millions d'euros déjà payés par la Défense vont être remboursés. Mais à qui ? Au restaurant du ministère de la Défense ("les cent mille mâchoires"), chaudron où bouillonnent les rumeurs, on entendait tout récemment que le ministère des Finances considère que cet argent ne revient pas à la Défense mais à l'État. Qui pourrait alors reverser ces sommes au titre des ressources exceptionnelles (REX), qui font défaut à hauteur de 2 milliards environ pour boucler le budget 2015. Les fameuses sociétés de projet qui visent précisément à pallier ces difficultés du budget 2015 - dans un premier temps - ont certes été votées dans le cadre de la loi Macron. Il n'empêche que - allez savoir pourquoi ! - certains craignent un coup fourré. Des mises au point seraient sans doute utiles.



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