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De Solar Impulse au drone nEUROn : Ils sont tous complètement zincs zincs.

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Pour l’aviation solaire comme pour l’aviation militaire, la Suisse une fois de plus bien placée, avec Dassault comme partenaire pour le drone furtif « européen » baptisé de façon inquiétante nEUROn.



André Borschberg et Bertrand Piccard ont fait rêver le monde entier avec leur départ pour le tour du monde à bord du majestueux avion solaire Solar Impulse, première mondiale et première étape ayant relié ce lundi 9 mars Abu Dhabi à Mascate au Sultanat d’Oman. Y en avaient des passionnés de zincs à Mascate la capitale de Oman pour l’arrivée des héros à leur première escale, plein de journalistes aussi, il y a même eu de très grands spécialistes de l’aviation et l’aéronautique suisse qui les avaient précédé de quelques jours seulement aussi pour une histoire de zincs, mais pour une autre histoire de zincs.

On apprend en effet de la Handels Zeitung du 6 mars que la firme d’armement et d’aéronautique suisse RUAG, dont l’actionnaire unique est la confédération suisse, procédait ces premiers jours de mars à des vols pas trop solaires, des vols de démonstration de l'avion DO 228 NG au Sultanat d’Oman, pour satisfaire à la demande de l’armée, de la police et (ouf !) du ministère du tourisme du Sultanat.

http://www.handelszeitung.ch/unternehmen/hebt-der-strittige-ruag-flieger-endlich-ab-640091

L’article nous informe que grâce aux 10 unités vendues au Venezuela, les ventes de cet avion ont fini par décoller, avant d’avoir été jusque là qu’un gros gouffre financier. Il n’y a donc pas que le Rafale qui a de la peine à décoller dans l’aviation militaire. Quatorze DO 228 Ng ont été construits seulement jusqu’à aujourd’hui, plus 5 en réservation. Outre le Venezuela, le Bangladesh en aurait également acquis… Une commande supplémentaire du Sultanat serait donc plus que bienvenue, elle permettrait de développer les activités aéronautiques de RUAG en surfant sur la qualité et le succès suisse d’un autre fabricant , PILATUS, dont le carnet de commandes a explosé, pour le civil, comme pour le militaire.

Sur son site, Ruag est plus qu’enthousiaste sur ces vols d’essais effectués dans le Sultanat d’Oman, comme il le dit clairement sur le titre de sa page à prononcer avec l’accent anglais-suisse-allemand : « Dornier 228 Demonstrator Aicraft Tours Oman »,

« Aucun autre avion que le Dornier 228 ne peut rivaliser en ce qui concerne les vols de surveillance. Le frontières du Sultanat peuvent être surveillées dans la meilleure efficacité et au meilleur du prix », explique Monsieur Philippe Erni, directeur des ventes chez Ruag Aviation http://www.ruag.com/aviation/media-centre/news/dornier-228-demonstrator-aircraft-tours-oman/18ae3e9f24dfb3e750aa133611eaf58a/

On apprend plus loin sur la page de RUAG qu’en fait, l’heure de vol du Dornier ne coûte qu’une fraction en comparaison du prix d’un avion de ce type américain. On se demande évidemment tout de suite si cet avion est vendu au juste prix en pensant aux critiques qui lui avaient été faites pour son coût excessif et son faible résultat au niveau des ventes? Tous les coûts de recherche ont-ils bien été intégrés pour arriver avec un avion low-cost de qualité sur le marché très compétitif de l’aviation ?Ou sous une autre forme, est ce que chaque suisse a contribué à ce que cet avion soit si bon marché pour trouver enfin des débouchés et pour combien ? Et aussi plus généralement comment se fait-il que la confédération suisse elle même vende des avions à des forces de police et d’armées étrangères, est-ce sa mission ?



Mais il y a un autre gros projet auquel RUAG participe et où ce dernier problème évoqué prend des proportions inquiétantes, c’est la participation de RUAG au développement d’un drone furtif européen, appelé nEUROn, un gouffre financier pour un drone furtif qui restera vraisemblablement qu’un prototype pur de futurs avions de combat, une pâle copie du terrible et effrayant drone américain furtif B2, appelé aussi NorthropB-2 Spirit ou Stealth Bomber, capable de charger et de lâcher 35 tonnes de bombes. Les Etats Unis avaient prévu d’en fabriquer plus de 120, ce chiffre ne sera jamais atteint, 23 unités ont été construites au vu de leur prix prohibitif de 2,2 milliards de dollars pièce. Ils ont été employés sur quatre champs de bataille, la Serbie, la Libye, l’Irak et l’Afghanaistan. Le B2 reste le joyau incontesté de l’US Airforce en matière de drone, il est prévu de les faire voler jusqu’en 2058…

Concernant le nEUROn, on a parlé d’un coût de fabrication de 405 millions d’euros, la part de la Suisse au travers de RUAG serait de 20 millions, comme celle de la Grèce, soit 2.50.- par drone et par résident suisse, de 0 à 120 ans.

En fait il sera très difficile de savoir le coût exact du nEUROn au vu de la composition très étatique de ce mini consortium de 6 nations avec comme chefs de file le français Dassault, suivi d’un autre français, Thalès, accompagnés de leurs amis européens, les italiens d’Alenia Aermachi, les Grecs de HAI, les espagnols d’Airbus Defence Space, les suédois de Saab et les Suisses de Ruag, que du beau monde de l’armement européen.

Une association donc plutôt ou carrément méditerranéenne, auxquels s’ajoutent deux pays du nord historiquement neutres, la Suède et la Suisse pour un projet de drone de combat européen !Les britanniques, une fois de plus, jouant en solo la carte furtive américaine, idem pour les allemands.

Si on laisse de côté la question de la neutralité de la Suisse qui ne veut pas dire grand chose, mais qui reste malgré tout bien ancrée dans les gênes des suisses, il reste la question essentielle d’éthique qui entoure tout le problème des drones de combats, éthique proche de zéro. A distance, selon des renseignements plus ou moins exacts, des éléments décrétés ennemis d’une nation sont désignés hommes à abattre, et des drones télécommandés viennent survoler des régions et villages, pendant des heures, semant la terreur dans toute la population, jusqu’à atteindre leur cible, avec évidemment d’innombrables « dommages collatéraux », c’est à dire la mort d’innocents.

Et le comble, le résultat inverse se produit comme le décrit si bien cette étude menée sur les tirs de drones US au Yemen et qui explique que chaque missile tiré par un drone crée au final entre 40 et 60 nouveaux ennemis de l’Amérique.

http://www.huffingtonpost.com/2013/10/23/yemen-drones_n_4152159.html

L’usage de drone de combat est complètement hors la loi, comme on le voit depuis des années, il ouvre la boîte de pandores, il autorise les assassinats ciblés au dessus de toute loi et de toute morale, sans enquête ni jugement, ni défense, et question résultats obtenus, ils sont plus que mitigés, développant le sentiment d’injustice et le radicalisme.

Si on peut regretter que l’Europe, comme prévu et comme tout le monde, suive le modèle américain, le mauvais modèle, on peut tout au plus l’expliquer : par fierté et self suffisance, les Français, au vu de leurs ambitions africaines en ont marre de devoir recourir au matériel américain pour mener à bien leurs « missions » au Niger, au Mali, en Centreafrique, en Irak, en Syrie ou en Libye…

Machiavéliquement ils ont vu l’efficacité diabolique des drones US pour faire sauter telle ou telle cible désignée comme danger pour la nation, ils se sont engouffrés dans cette brèche en légitimant de fait ces pratiques de guerres de Cow-Boy, au dessus de toute loi, de toute éthique et de toute morale. Les russes, les britanniques et les chinois ne sont pas en reste non plus, ils mettent les bouchées double, c’est devenu la course mondiale et effrénée au drone armé, bonjour l’ambiance !

On attend de la France, de la Suisse et de l’Europe que chacun prenne les devants et les décisions nécessaires non pas pour interdire les vols de drones inoffensifs munis de caméras au-dessus de Paris, Genève ou Montreux mais bien pour faire interdire l’emploi de tout drone armé sur la planète. En ce qui concerne la suisse, pays menant aucune guerre, il est surprenant de savoir qu’elle participe activement à ce programme nEUROn de drone destructeur au travers de RUAG, dans quel but, pour quelle guerre, pour quel conflit, avec l’argent des contribuables, c’est une honte, beaucoup de suisses s’y seraient opposés si ils étaient consultés sur la question.

Reste la meilleure solution pour s’y opposer et dire non, continuer à parler, continuer à dénoncer l‘usage de drones armés et espérer qu’au final l’opinion publique signifie à ses dirigeants de Suisse, de France, d' Europe et des Etats-Unis, que nous refusons catégoriquement l’emploi de drones armés sur toute la planète, sans exceptions, et que nous demandons leur interdiction totale.



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