Bâtiment sécurisé, caméras de surveillance, portiques de détection, chambre fortes et policiers de service, l’immeuble qui abrite le parquet de Kiel n’est pas des plus faciles à cambrioler. Et pourtant, d’importantes pièces à conviction concernant l’enquête contre le fabricant d’armes à feu Sig Sauer (détenu par L&O Holding), comme un ordinateur dont les fichiers n’avaient été que partiellement exploités, y ont été dérobées au début du mois de mars.
Le plus ancien producteur d’armes d’Allemagne est dans le collimateur de la Justice depuis plus d’un an pour cause d’exportations douteuses vers des pays et des régions où le gouvernement fédéral interdit la vente. Des pistolets et fusils de précision Sig Sauer ont ainsi été retrouvés en Afghanistan mais aussi en Colombie, en Irak, au Brésil, en Inde et au Pakistan.
L&O se bat aujourd’hui pied à pied pour bloquer l’utilisation de nombreux documents récupérés par les juges dans des razzias. Dans ce contexte, le cambriolage et la disparition d’un ordinateur et de documents sont hautement suspects. Parmi les personnes soupçonnées d’exportations d’armes illégales se trouvent les propriétaires de L&O Michael Lüke et Thomas Ortmeier ainsi que trois anciens directeurs généraux de Sig Sauer.
L’entreprise n’ayant plus le droit d’exporter depuis l’année dernière, ses effectifs sont passés de 200 salariés à 50. Elle recourt désormais à des mesures de chômage à temps partiel. La production d’armes militaires et pour la police est en train d’être délocalisée vers la filiale américaine, précisément celle qui a joué un rôle dans la réexportation d’armes. Son directeur Ron Cohen, un ancien soldat d’élite israélien installé aux USA, est d’ailleurs considéré comme un élément central du système.
Selon un représentant du syndicat IG Metall, le processus de transfert des activités du nord de l’Allemagne vers les Etats-Unis s’est amorcé nettement avant le début de l’enquête judiciaire.
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Sig Sauer : des pièces à conviction s’envolent et le production se délocalise vers les USA - TTU
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