Les sous-marins nucléaires d’attaque sont de redoutables chasseurs de sous-marins. Peu de nations en sont équipées, la France en possède six. Le Casabianca nous a ouvert ses panneaux pour une immersion de cinq jours dans les profondeurs de la Méditerranée.
À la poursuite d’Octobre rouge, USS Alabama, Das Boot, les sous-marins sont une mine d’inspiration garantie de succès pour le cinéma. Mais à la base navale de Toulon point de Sean Connery, mais le capitaine de corvette Vincent Vacqué nous attend devant la coupée de son bateau noir. « C’est cet acteur, avec son rôle de Marko Ramius, qui m’a donné envie d’être sous-marinier ! », confie le Pacha du Casabianca équipage rouge. Le commandant a concocté un programme chargé pour ces cinq journées de plongée : son navire effectuera un exercice d’attaque appuyé par un hélicoptère contre un autre sous-marin nucléaire, le Rubis, face à deux frégates, contre un « Patmar » un avion de patrouille maritime.
74 mètres de long pour 75 marins.
L’heure est à l’embarquement et à la découverte de ce sous-marin nucléaire d’attaque (SNA). Le Casabianca est un bâtiment de 74 mètres de long pour 75 marins… Cela ne sent pas les grands espaces ! À bord, chaque centimètre est exploité et optimisé au maximum. « Nos SNA sont les plus petits sous-marins nucléaires du monde, ce qui est une formidable prouesse technique 100 % française. Mais de fait, on est plus à l’étroit à bord que chez nos homologues russes ou américains », explique le commandant Vacqué.
Le navire aveugle s’enfonce dans les profondeurs.
Après avoir largué les amarres et quitté la mythique rade de Toulon au son des binious, nous descendons de la passerelle du Casa en refermant les panneaux pour la plongée. Claustrophobe, passez votre chemin, lorsque le Casabianca plonge c’est un sous-marin sans hublots, totalement aveugle qui s’enfonce dans les profondeurs. Pour les amateurs d’high-tech, le SNA est un monstre d’électronique bourré de technologies de pointe. Le meilleur endroit pour vivre et ressentir les capacités de ce chasseur des mers est son « CO », son central opération. Le cerveau du Casa. C’est ici que tout se passe, que le Pacha et son équipe font naviguer cette machine de 2.670 tonnes, vaisseau spatial des profondeurs. Cousteau a qualifié l’univers sous-marin de « monde du silence », mais ceci n’est que légende. Lorsque l’on enfile le casque de l’analyste, dit « oreilles d’or » – le maître Mathieu, originaire de Cusset (Allier) – la mer s’avère loin d’être silencieuse ! Entre les bruits « biologiques » et ceux plus utiles pour un sous-marin, ceux des bâtiments de surface, voir d’autres sous-marins, la cacophonie règne.
Et cela tombe bien puisque le Casabianca s’entraîne à la lutte contre un autre sous-marin français le Rubis. Ce genre d’exercice réveille l’esprit flibustier des sous-mariniers et affûte leur sens du combat. Pendant plusieurs heures l’équipage va jouer au chat et à la souris avec le Rubis. Des tirs de torpilles vont être simulés, lorsque le sous-marin adversaire d’un jour sera repéré, en expulsant brutalement l’air des tubes lance-torpilles. Fidèle à son héritage de redoutable sous-marin, le Casabianca infligera une sévère déculottée au Rubis : 102. Une victoire qui renforce la fierté de l’équipage. Les sous-mariniers sont des hommes (les femmes n’arriveront à bord qu’en 2017) dotés de nombreux savoir-faire, indispensables les uns aux autres, professionnels et festifs. Avant dîner le Pontus (patron du pont) improvisera un karaoké pour détendre l’atmosphère après l’attaque avec des refrains de Jean-Luc Lahaye. De ces cinq jours en immersion, le plus frappant restent la solidarité et la chaleur humaine qui règne à bord. Comme le résume le Pacha du Casa : « sous-marinier est un métier passionnant de passionnés imprégnés par la fraternité ». La vie à bord d’un SNA est certes spartiate mais le sous-marin et ses hommes font vite oublier cette rusticité au visiteur. ?
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En immersion avec les Auvergnats du Casabianca
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