La France peut-elle remonter en puissance sur le plan militaire ? (Entretien)
Cet entretien avec le lieutenant-colonel Guillaume Garnier, ancien chercheur détaché à l'IFRI et auteur du récent Focus stratégique "Les chausse-trappes de la remontée en puissance; Défis et écueils du redressement militaire", a été réalisé en collaboration avec le blog Ultima Ratio.
1. Avec la récente publication du LBDSN, le vote de la LPM et les conséquences qui en découlent, il est beaucoup question de "remontée en puissance". Tout d’abord de quoi s’agit-il ?
On peut définir la remontée en puissance comme étant la volonté politique de redresser un appareil militaire au sens large du terme, c’est-à-dire dans ses aspects opérationnels, industriels et technologiques, les trois étant indissociables. Concrètement, une remontée en puissance intervient généralement après une défaite brutale qui aboutit à une remise en question fondamentale. Elle peut aussi être décidée en période de paix, du fait d’un changement radical de contexte stratégique, changement impliquant une réévaluation de la menace et par conséquent une réadaptation vers le haut de l’outil militaire. En définitive, il s’agit d’assurer la reconstruction ou l’expansion des forces armées dans un contexte de crise, psychologique (sidération de la défaite), ou politique (altération de l’environnement international).
Compte-tenu du déclin des appareils militaires en Europe se pose aujourd’hui la question de savoir si cette glissade a au moins été pensée pour garantir les conditions du redressement à venir. Cette logique n’est pas tout à fait absente de la LPM en cours puisqu’elle tente de préserver l’avenir, notamment avec un budget "études amont" encore significatif à 730 millions d’€ par an et surtout avec une trajectoire qui, si elle est respectée, prévoit une timide remontée en puissance (appelons cela plutôt un "réinvestissement d’urgence") avec un budget constant en volume à partir de 2016 (donc tenant compte de l’inflation) et augmentant de 1% par an à compter de 2018. Tout cela reste évidemment fragile, comme chacun sait, et toute entaille à la LPM, non seulement obèrerait la possibilité de rebond à court terme, mais plus fondamentalement poserait la question de la cohérence d’ensemble des forces armées. Dans ce contexte d’équilibres très délicats, les objectifs affichés dans le Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité Nationale (LBDSN) de 2013 apparaissent désormais ambitieux.
2. Quels sont les grands enseignements et principes qu’il est possible de tirer des modèles historiques présentés, à la fois conduisant au succès ou à l’échec ?
↧
Mars attaque: La France peut-elle remonter en puissance sur le plan militaire ? (Entretien)
↧