L’Allemagne accepte de financer 200 des 300 millions d’euros de la facture en échange d’images. L’annonce doit être faite ce mardi à l’issue du conseil franco-allemand.
Point notable du Conseil des ministres franco-allemand de ce mardi, Paris et Berlin vont annoncer la construction en commun d’un satellite espion optique qui viendra s’ajouter aux deux déjà financés par la France. Le projet a demandé des années pour aboutir et a contraint Ursula von der Leyen, la ministre allemande de la Défense, à affronter une certaine opposition au Bundestag.
Si le sujet est sensible, c’est d’abord parce qu’il s’agit de renseignement, une matière que des pays, mêmes alliés, ne partagent pas naturellement. L’autre point dur est industriel. Dans sa programmation militaire, la France a prévu de financer deux satellites de très haute résolution dits « CSO » pour « composante spatiale optique », destinés à prendre le relais de la génération Helios II. Mais elle n’avait pas les moyens de financer le troisième. D’où l’idée d’embarquer l’Allemagne à bord.
Pas de filière spatiale optique outre-Rhin
Pendant longtemps outre-Rhin, certains lobbies ont poussé pour la mise sur pied d’une filière spatiale optique de haute résolution, alors que la spécialité du pays est plutôt l’imagerie radar. Ils n’ont pas eu gain de cause, car la raison l’a emporté pour ne pas dupliquer les savoir-faire industriels en Europe. « Ursula von der Leyen a compris qu’elle ne pouvait pas se lancer dans une nouvelle aventure, alors qu’elle en a suffisamment sur les bras », commente un spécialiste, qui cite notamment les problèmes des retards des avions de transport A400M allemands.
En cette instance, l’accord avec l’Allemagne va assez loin. Non seulement Berlin a accepté de régler la plus grosse part de la facture – 200 des 300 millions d’euros – en échange d’images, mais aussi que ce satellite soit construit chez Airbus à Toulouse pour profiter de l’effet d’échelle avec les deux premiers. Berlin qui signe un gros chèque sans que l’ouvrier allemand n’en profite, c’est suffisamment rare pour être souligné !
Le Conseil des ministres va également confirmer la volonté des deux pays d’enclencher un (énième) programme de drone de surveillance, avec l’Italie. Les militaires des trois pays travaillent depuis des mois à harmoniser leurs besoins, mais ils sont encore loin du compte, sur le niveau de sécurité notamment.
L’idée est de profiter du Bourget en juin pour confier une première étude de 60 millions d’euros aux trois industriels concernés, Dassault, Airbus et Finmeccanica. Ce serait un nouveau chapitre pour un feuilleton qui dure depuis le début des années 2000 et qui n’a jamais débouché malgré des dizaines de millions d’euros engloutis. Si elle intervient, la mise en service de ce drone n’est pas envisagée avant 2025, au mieux
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Berlin finance un satellite espion français sans contrepartie industrielle
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