Morpho Detection, filiale de Safran, a remporté l'appel d'offres de l'aéroport de Londres-Heathrow.
Le renforcement des mesures anti-terroristes dans les aéroports européen a fait au moins un heureux. Morpho Detection, filiale du groupe Safran, a signé la semaine dernière la vente à l'aéroport de Londres-Heathrow de 45 détecteurs d'explosifs de dernière génération, d'une valeur, au prix catalogue, d'1,3 million d'euros pièce. Un contrat qui devrait être suivi de bien d'autres. D'ici à 2020, tous les aéroports européens devront être équipés de détecteurs tomographes, capables d'inspecter plus de 1.000 bagages en soute et de repérer des explosifs de la finesse d'une feuille. Or le numéro un mondial dans ce domaine n'est autre que Morpho Detection. Racheté en octobre 2009 à l'américain GE pour 700 millions de dollars au total, l'ex-GEHP détient « plus de 50 % du marché américain et 60 % du marché mondial », avec plus de 2.000 détecteurs en service, souligne Cyril Dujardin, en charge des activités internationales de Morpho Detection.
Une activité qui dégage 15 % de marge et qui ne demande qu'à croître. Rien qu'en Europe, ce sont « entre 1.500 et 2.000 appareils » qui devront être achetés d'ici à 2020, « pour un coût unitaire de 0,6 à 1,3 million d'euros », souligne Cyril Dujardin. Soit un marché potentiel « de 1 à 2 milliards d'euros », à disputer aux principaux concurrents que sont le britannique Smiths Detection et les américains L3 et Rapiscan d'OSI Systems. Parmi les gros appels d'offres en cours figure notamment celui d'Aéroports de Paris, pour quelque 120 machines.
Détecteurs manuels
A ce marché des détecteurs pour bagages en soute s'ajoute celui des détecteurs manuels de traces d'explosifs utilisés pour les bagages cabine et les passagers. A compter du 1er septembre, tous les aéroports de l'espace Schenghen de plus de 500.000 passagers devront en être dotés. Les autres ont jusqu'à la fin 2017. Bien que nettement moins coûteux que les tomographes, ces équipements représentent toutefois un marché potentiel supplémentaire de 400.000 euros.
En revanche, l'Union européenne a repoussé sine die la levée de l'interdiction des liquides (de plus de 100 ml) en cabine. Prise à titre temporaire en 2006, cette mesure aurait dû disparaître en 2014, une fois les aéroports dotés de détecteurs d'explosifs liquides. Elle a seulement été assouplie au printemps, Bruxelles n'ayant apparemment pas voulu imposer une dépense supplémentaire aux aéroports.
Tout n'est pas perdu pour autant pour Morpho et les autres. Les aéroports qui auront les moyens de s'offrir des détecteurs d'explosifs liquides à 1 million d'euros pièce pourront autoriser les passagers à embarquer avec leurs bouteilles et flacons. Une réglementation en ce sens est en cours de préparation à Bruxelles, attendue avec impatience par Morpho Detection, qui estime le marché potentiel à un millier d'appareils.
Bruno Trévidic, Les Echos
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Morpho conforte son avance dans les détecteurs d'explosifs
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