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Rafale : le mégacontrat indien annulé ?
Le Monde.fr | 14.04.2015 à 09h13 • Mis à jour le 14.04.2015 à 09h34 | Par Julien Bouissou (New Delhi, correspondance)
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Le gouvernement indien a décidé d'enterrer l’appel d’offres portant sur l’acquisition de 126 avions Rafale.
Le « contrat du siècle », pour Dassault, est en passe de se transformer un demi-échec. Après l’annonce faite à Paris, vendredi 10 avril, par le premier ministre indien, Narendra Modi d’acquérir 36 Rafale, New Delhi a annoncé, lundi 13 avril, que l’appel d’offres portant sur l’acquisition de 126 avions de combat était enterré.
Le ministre de la défense, Manohar Parrikar, a indiqué à des journalistes qu’à l’avenir, tous les contrats passeraient de « gouvernement à gouvernement ». L’appel d’offres aurait, selon lui, créé « le chaos et la confusion ».
L’Inde avait décidé de lancer cette nouvelle procédure, en 2007, pour éviter les interférences politiques et les soupçons de corruption. Un comité restreint, composé de membres du ministère de la défense et de l’armée de l’air, était en charge de présélectionner les avions de combat sur des critères techniques, avant de retenir, en 2012, l’offre la plus compétitive, en l’occurrence celle de Dassault.
Mais les négociations entre l’Inde et le constructeur français s’étaient depuis enlisées. Elles bloquaient sur des questions de coût des appareils dans le cadre d’un transfert de technologie inédit : 108 des 126 Rafale livrés à l’Inde devaient être fabriqués sur son sol. La mise en place d’une chaîne de fabrication en Inde, avec près de 500 sous-traitants, aurait toutefois gonflé la facture finale.
« Le Make in India passe à la guillotine »
En achetant directement à la France les 36 Rafale, l’Inde économise sur la facture finale et peut compter sur une livraison plus rapide. L’armée de l’air indienne doit être modernisée d’urgence. Elle devrait, selon ses standards, compter au moins 42 escadrons, de 18 appareils chacun, alors qu’elle n’en dispose actuellement que de 32 à 34.
Cette annonce est un échec pour le programme « Make In India », si cher à Narendra Modi. « Le Make in India passe à la guillotine », écrit l’analyste Ajai Shukla dans un article paru sur son blog. Lors du salon aéronautique de Bangalore, au début de l’année, le premier ministre Indien avait pourtant lui-même affirmé que son pays émergerait comme « un centre mondial dans l’industrie de la défense ». L’Inde retourne finalement à la politique des années 1980, lorsqu’elle avait acheté deux escadrons de Mirage 2000, complétés par quelques autres, un peu plus tard.
Depuis que l’Inde a décidé de passer un contrat de gré à gré avec le gouvernement français, d’autres constructeurs pourraient monter au créneau et compliquer les négociations futures. Eurofighter pourrait ainsi proposer à l’Inde son avion de combat, le Typhoon, à un moindre prix. Les négociations sur l’acquisition de Rafale par l’Inde pourraient donc connaître d’autres rebondissements.
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