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Les sociétés qui pourraient profiter du futur budget de la Défense

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Ouf ! Les armées et leurs fournisseurs peuvent pousser un grand cri de soulagement puisque la Loi de Programmation Militaire courant de 2014 à 2019 couvre l'essentiel de leurs besoins. Jean-Yves Le Drian, le ministre de la défense, a obtenu de François Hollande 190 milliards de crédits militaires pour les cinq prochaines années, dont 102,7 milliards d'investissements. Le Président de la République a même garanti cet engagement lors d'un entretien télévisé en début d'année.  

 

Les trois armées se partageront donc 31,4 milliards d'euros chaque année, soit un montant équivalent à celui qu'elles percevaient en 2013. Au prix toutefois de sévères réductions d'effectifs, afin de dégraisser la masse salariale de l'Hôtel de Brienne. La LPM prévoit 23 500 suppressions de postes, qui s'ajoutent aux 54 000 autres sabrés d'ici 2015 dans la précédente loi quinquennale, fauchée en plein vol par la crise financière. A l'issue de cette échéance, les forces armées françaises ne compteront plus que 240 279 militaires et civils, après avoir perdu un quart de leurs effectifs sur onze années. 

 

Mais une question brûlante taraude le moral des militaires français. Et ne parlons pas des industriels de l'armement et de leurs sous-traitants. Car ces projections reposent sur des bases pour le moins 'mouvantes', pour ne pas dire glissantes. Il y a d'abord l'objectif de réduction de 4,4 milliards d'une masse salariale de l'ordre de 10 à 11 milliards d'euros par an. Or, les derniers résultats du plus récent des reformatages des armées n'ont pas donné satisfaction : l'économie escomptée de un milliard s'est transmutée en une inflation du même montant... De même, l'Hôtel de Brienne parie sur 6,1 milliards de recettes exceptionnelles tous les ans (soit 30,5 milliards sur cinq ans), tirées de la vente des 'bijoux de famille : cessions immobilières, de fréquences hertziennes et de redevances sur celles déjà vendues, de participations dans des entreprises de défense, etc. Que se passera-t-il si elles ne sont pas au rendez-vous ? Et si la France devait engager une nouvelle opération extérieure très budgétivore comme au Mali ou en Afghanistan ?  

 

Mais l'essentiel est ailleurs : La défense parie sur la vente de Rafales à l'export pour compenser la baisse des commandes de ce joyau technologique par l'armée de l'air et la marine. En définitive, les 286 exemplaires 'sanctuarisés' ne seront que 200 au mieux, les livraisons programmées sur cinq ans, glissent de 66 appareils à 26. Et encore, à condition que d'autres pays commandent cet avion. 

Dans cette épure, l'industrie de défense et ses clients se résignent à des étalements de livraisons de matériels majeures. Plus ou moins longs et importants en fonction de l'évolution des paramètres visés plus haut. Mais l'essentiel est sauvé : les Rafale, Tankers (Airbus ravitailleurs) et autres Frégates et blindés seront dotés de 49,2 milliards et même de 23,3 milliards en tenant compte de la poursuite de l'effort pour la dissuasion nucléaire. Revue de détail des entreprises cotées gagnantes et perdantes de cette LPM. 

Dassault Aviation

Dassault Aviation - K. Tokunaga

Dassault joue à qui perd gagne. Sur le papier l'avionneur est le grand perdant de la LPM. Le parc de Rafale dans l'Armée de l'Air et l'aéronavale tombe de 286 à 200 appareils. L'industriel avait arraché à la précédente majorité un contrat plancher de 11 livraisons annuelles, soit 86 sur la période concernée. Au vu des chiffres avancés, elles tombent à 26 exemplaires. Soit un trou de 40 avions ! Le Ministre de la Défense parie sur le déblocage de contrats exports en Inde, au Qatar et dans d'autres pays. Sur les deux premiers marchés, les négociations sont bien avancées. Dans le Sous-continent indien, il ne reste plus qu'à fignoler les transferts de technologies et à signer la transaction. Qui déclenchera les 'départs usines'. Mais voilà : plus le temps passe, plus les délais s'allongent. Et les chances de conclure avant les élections générales indiennes s'amenuisent. Or, il faut trois ans au moins pour caler les chaînes d'assemblages. Ce qui reporte à la fin 2016 au mieux l'échéance. Voire à 2019. Les surcoûts liés à ces retards sont à la charge de l'Etat qui s'est engagé à financer l'entreprise. Et à 100 millions pièce par jet, l'addition pourrait s'élever jusqu'à ... Quatre milliards pour quarante Rafale! Du coup, Dassault Aviation est assuré de réaliser une 'opération blanche' si son avion ne s'exporte pas d'ici cet horizon. 

L'avionneur peut aussi compter sur la modernisation des Rafale français, budgétée à un milliard d'euros. Et surtout sur 700 millions pour de la R&D en association avec BAE (British Aerospace) pour le drone de combat du futur. 

 

©Reuters

Airbus (EADS) sauve les meubles. Le numéro deux mondial de l'aérospatiale n'attendait pas de miracles de la LPM. De quoi justifier la réorganisation de sa filiale défense Cassidian. Airbus Civil livrera tout de même deux tankers (A330 Ravitailleurs) sur une commande probable de 12 appareils. Sa filiale Airbus Helicopters voit son plan de charge militaire stabilisé avec la commande de 58 machines (16 Tigre pour le combat et 42 NH90). La plus grosse inconnue concerne Airbus Military. La loi quinquennale prévoit 45 avions de transport pour l'armée de l'Air. Sans préciser la répartition entre les A400M, les Casa et autres Hercules et Transall, tous deux au bout du rouleau. 13 Atlas doivent être livrés en sus des deux premiers exemplaires attendus cette année. Et après ? La filiale MBDA et ses missiles sont plutôt bien traités avec les commandes confirmées d'Exocet, de Meteo ou de Scalp. En fait, l'ex-Astrium, dédiée à l'espace, pourrait se révéler la grande gagnante d'un texte faisant la part belle au renseignement et à la cyber-sécurité. 

 

Rémy Guillaumot / Safran

Safran dans l'expectative. L'équipementier se partage entre deux pôles d'activités. La motorisation des Rafale, Atlas et hélicoptères, pour laquelle tout ou presque repose sur le pari à l'export du joyau de Dassault Aviation. Quant à l'électronique de l'ex-Sagem, elle s'en tire plutôt bien avec les efforts marqués pour les missiles, l'espace et la cyber-sécurité. 

 

DR

Thalès assure. L'électronicien de défense sauve l'essentiel de ses ambitions pour l'équipement en radar et électronique des frégates, hélicoptères ou sous-marins. Surtout, le groupe peut compter sur des livraisons soutenues de missiles et autre nacelles aéroportées. 

 

spaceritual - flickr - Licence CC

Zodiac Aerospace pour jouer les 'Spetnatz'. La LPM a pour priorité de muscler les forces spéciales appelées aussi Spetnatz en hommage au savoir-faire des troupes d'élite russes. Les Commandos français auront besoin de canots semi-rigides et d'autres équipements légers et ultrasophistiqués présents au catalogue de l'entreprise. 

 

©Reuters

ECA oubliée ! Le spécialiste de la robotique fournit des robots pour la neutralisation d'engins piégés. Il comptait beaucoup sur le remplacement des chasseurs de mines de la marine, tous équipés de ses PAP 104, poissons sous-marin contre les mines. Mais la LPM ne dit mot de ce projet. L'entreprise compensera-t-elle cette déconvenue avec des commandes de systèmes de détection et d'élimination des IED (Improvised Explosives Devices) cruellement meurtriers en Afghanistan et au Mali ?

 

 




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