L’avionneur peut passer rapidement à deux, voire deux appareils et demi produits par mois dans son usine de Merignac, contre un actuellement.
L’information aurait fait sourire il y a trois mois encore. Et pourtant, il y a une bonne chance que la cadence de fabrication du Rafale soit revue à la hausse ! Pour la France, son seul client jusqu’à récemment, Dassault produit onze exemplaires par an, soit une cadence de un par mois, l’établissement de Mérignac, près de Bordeaux, fermant ses portes en août. C’est le rythme minimal conciliant deux impératifs économiques : pour l’armée, qui a besoin d’économiser ses deniers, il s’agit d’étaler le plus possible les livraisons et, pour l’avionneur, soucieux de la rentabilité globale du programme, d’éviter toute rupture industrielle dans sa chaîne de sous-traitance.
Maintenant que le Rafale compte 48 commandes fermes à l’exportation , les paramètres de l’équation changent. Un problème de pauvre — continuer à produire sans que personne ne perde de l’argent — est subitement devenu un problème de riche puisqu’il faut satisfaire plusieurs clients en parallèle !
Deux à deux appareils et demi par mois
Dassault a fait savoir qu’il lui était possible de passer relativement rapidement à une cadence de deux, voire deux appareils et demi par mois. L’outillage, qui est loin d’être en surchauffe, peut absorber un tel surplus de production sans gros investissement. On n’en est pas encore là, mais on s’en rapproche.
Tant que l’Egypte était le seul client à l’export , une augmentation de cadence ne se justifiait pas. Comme le maréchal Al Sissi est pressé de parader avec ses premiers Rafale pour inaugurer l’élargissement du canal de Suez, la France lui a fait une place dans ses plannings : les trois premiers exemplaires pour Le Caire seront livrés avant l’été, les trois suivants avant la fin de l’année.
Avec le contrat du Qatar, ce sont 24 Rafale qui se rajoutent. Mais là encore, pas d’obligation de changer de braquet, « des ajustements suffiront », assure aux « Echos » Eric Trappier, le PDG de Dassault.
Doha souhaite disposer de ses premiers appareils à partir de mi-2018, à raison de un par mois. Il faudra donc slalomer avec la production française et égyptienne. Si, en revanche, l’Inde confirme son intention d’achat en contrat , alors l’ajout de 36 Rafale, voire d’avantage, obligera à passer « rapidement à une cadence de deux, et peut-être un peu plus », poursuit Eric Trappier.
C’est l’un des nombreux points à régler dans le cadre de la négociation de gouvernement à gouvernement qui démarre. Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, se rend en Inde cette semaine pour apporter son appui politique, clôturant à New Delhi un périple qui va l’amener des Emirats Arabes Unis au Qatar, puis en Arabie saoudite.
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Rafale : Dassault va ajuster ses cadences de production
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