Une nouvelle cargaison d’armes destinée à des groupes rebelles syriens a été interceptée dans le sud de la Turquie ce dimanche 19 janvier, suscitant une nouvelle crise entre magistrats et représentants de l’Etat. Car leur chargement n’a pu être inspecté et les camions ont pu reprendre leur route, ajoutant au mystère qui entoure le soutien apporté par le gouvernement turc aux combattants syriens, un soutien qui pourrait aller à des groupes islamistes radicaux. Les journalistes qui tentaient de prendre des images des véhicules suspects se sont vus confisquer leur matériel et ont été relâchés après une brève garde à vue. Et puis, gros plan sur ces Européens qui partent combattre en Syrie. Un phénomène qui semble s’accélérer.
Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
C’est en deux mois la troisième fois que des semi-remorques en route vers la Syrie sont arrêtés avec des armes à leur bord. Et comme le 1er janvier 2014, la fouille ordonnée par un procureur, et menée par près de 300 gendarmes, a dû être abandonnée sur ordre du gouverneur de la province d’Adana. La raison : il s’agit d’une « mission de routine des services secrets », dont la voiture accompagnait le convoi.
Des armes mélangées à du matériel médical
La présence de ces agents empêche effectivement, selon la loi, toute inspection tant que le Premier ministre ne donne pas personnellement son feu vert. On ne saura donc jamais précisément quelles armes se trouvaient dans les six containers, mélangés à du matériel médical ; mais selon les premières constatations des gendarmes, il y avait des explosifs repérés par les chiens de détection, et apparemment aussi des lance-roquettes, des obus de mortier et toutes sortes de munitions.
Un procureur trop curieux
Mais rien de tout cela ne sera consigné dans la moindre main courante, pas plus que les destinataires de la cargaison. « C’est la politique de l’Etat, elle n’a pas à être exposée au public », a commenté l’ancien ministre et porte-parole du parti de gouvernement Hüseyin Çelik, ajoutant que c’est « le droit de la Turquie d’aider le peuple syrien dont son tyran a tué déjà au moins 200 000 personnes ». Et selon lui, le procureur a outrepassé ses prérogatives en tentant d’en savoir plus.