Depuis deux jours, l’accélération des évènements en Ukraine, en particulier en Crimée, a amené à se poser de nombreuses questions sur le déploiement militaire russe. On observait toujours aujourd’hui des militaires non identifiés transportés à bord de véhicules russes se poster autour de points stratégiques : les carrefours, les bâtiments officiels, les aéroports et désormais devant les bases militaires ukrainiennes en Crimée. « Nous sommes otages», a déclaré un amiral de la marine ukrainienne à la BBC.
Hier, cette image incroyable montrait des hommes en tenues paramilitaires, armés notamment de AK-74 et de lance-grenade GM-94, tirer en pleine rue et repartir en bus sans être inquiétés. Un exercice de communication devant les caméras présentes à ce moment-là faisant craindre une manipulation de l’information venant de ces hommes armés qui sillonnent la Crimée depuis plusieurs jours. On remarque que des hommes en civil sont régulièrement accompagnés de paramilitaires anonymes, comme on peut le voir ici lors d’une inspection de l’état-major de la marine ukrainienne à Sébastopol. Un diplomate polonais, Jacek Saryusz-Wolski, a déclaré que ces militaires en uniforme appartenaient aux forces spéciales Spetsnaz GRU.
Tentons d’y voir plus clair pour ce qui concerne les forces russes prépositionnées ou déployées en Ukraine. D’abord à terre, les chiffres de 10 000 à 20 000 militaires russes circulent. Impossible de le savoir avec précision. Une partie de ces effectifs peut être basé à l’est de l’Ukraine, précisément au nord et à l’est de Kharkov. Ils circulent à bord de 4×4 blindés Tigr et de BTR-80 de l’armée de terre et de la marine russe. Il est important de préciser que jusqu’à présent aucun char russe, type T-90 par exemple, n’a été vu en patrouille en Crimée, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en a pas ou que l’armée russe ne projete pas d’en déployer sur le terrain. L’armée de terre russe déploie aussi des pièces d’artillerie 2S1 Gvozdika à Sébastopol. Une partie des renforts russes en Crimée ont été acheminés par avions de transport Iliouchine II-76 au cours de ces dernières 48h dont au moins 7 d’entre eux seraient encore sur la base russe. Sur le terrain, les agents du FSB sont à l’évidence très actifs pour renseigner le pouvoir russe sur les mouvements de troupes ukrainiennes et les éventuelles milices pro-ukrainiennes prêtes à se mobiliser en Crimée pour défendre leurs intérêts.
La marine russe maintenant. Rien que sur la base navale russe de Sébastopol louée par les autorités régionales ukrainiennes, au moins 15 000 soldats russes y stationneraient. 25 bâtiments de la marine russe stationnent dans ce port militaire. Deux sous-marins russes ont été observés au cours de ces dernières heures dans cette baie à la pointe sud ouest de la Crimée. Des navires de la classe Meridian naviguent dans les eaux environnantes pour remplir des missions d’écoute et d’interception des communications. Cette base navale est un point stratégique d’ouverture pour la Russie sur la mer méditerranée.
Dans les airs, l’espace aérien a été fermé à tout aéronef militaire par les autorités ukrainiennes. Au moins quatre Su-27 sont sur la base militaire russe qui jouxte l’aéroport de Sébastopol. Un nombre indéterminé de MiG-29 seraient en permanence déployés sur cette base. Par ailleurs, plusieurs dizaines d’hélicoptères d’attaque Mi-24 ont été aperçus entre Simferopol et Sébastopol au cours de ces derniers jours.
Au coup de sifflet, l’armée russe est ainsi capable de déployer en quelques heures, si ce n’est quelques minutes, un impressionnant arsenal qui joue pour l’instant qu’un rôle dissuasif. En comparaison, l’armée ukrainienne compte en Crimée seulement 3500 soldats disposant d’une unique base aérienne sur laquelle est située un escadron de chasseurs Su-27. Selon l’agence russe RIA Novosti, plusieurs soldats ukrainiens auraient fait défection. Comme c’est déjà le cas à terre, ses forces navales sont bloquées par la marine russe. Avant même une éventuelle entrée en guerre, l’armée ukrainienne est d’ores et déjà paralysée.