Vue d'artiste du missile Brimstone de MBDA sur un drone Reaper. © MBDA
Le rêve américain de MBDA n'est peut-être pas près de devenir réalité. "Je crois qu'il y a moins d'intérêt et de motivation de la part des Etats-Unis pour une coopération transatlantique", expliquait ce matin Antoine Bouvier, pdg du missilier européen. "Et il y a certainement une réaction forte des industriels américains pour ne pas accueillir avec bienveillance un nouvel acteur européen, qui a de nombreux atouts pour offrir plus d'options aux clients locaux", ajoutait le dirigeant.
Ces deux facteurs, associés à une baisse réelle des budgets de défense américains, "se sont renforcés en 2013 et nous ont conduit à réexaminer nos objectifs aux Etats-Unis", affirmait ce matin Antoine Bouvier. "Cela ne veut pas dire que MBDA n'a plus l'ambition de se développer là-bas, mais cela signifie qu'à l'horizon de notre plan stratégique, nous avons des objectifs très en retrait par rapport à notre vision d'il y a quelques années".
Dans cette morosité ambiante subsistent quelques lueurs d'espoir. "Un certain nombre de campagnes en cours seront critiques pour mieux définir nos objectifs". Interrogé, le pdg n'a pas souhaité préciser la nature de ces prospects.
Comme Air&Cosmos l'a déjà rapporté, l'un d'entre eux concerne l'intégration du missile air-sol Brimstone de MBDA sur les drones MQ-9 Reaper fabriqués aux Etats-Unis. Des premiers travaux d'intégration ont été menés l'an dernier, qui ont abouti à des tirs réels au titre d'une expérimentation conduite avec le concours de l'US Air Force. Même si, officiellement, le seul client ayant exprimé un besoin pour cette capacité est la Royal Air Force, qui souhaite remplacer le missile américain Hellfire par le Brimstone sur ses propres drones Reaper.
Mais MBDA voit plus loin et espère vendre le missile aux utilisateurs américains. L'intention de principe étant de s'engouffrer dans la brèche laissée ouverte par la mise en sommeil du programme interarmées JAGM (Joint Air-to-Ground Missile), dont l'objectif était de développer un nouveau missile à autodirecteur trimode censé remplacer AGM-65 Maverick et AGM-114 Hellfire dans l'USAF, l'US Navy et l'US Army. Ce qui, dans les rêves les plus fous du missilier européen qui propose un produit immédiatement disponible, pourrait également ouvrir les portes d'une intégration sur hélicoptères Apache ou Super Hornet. Autant dire que les missiliers américains Raytheon et Lockheed Martin ne l'entendent pas de cette oreille, et continuent de faire évoluer leur gamme sur fonds propres pour pouvoir répondre à ces futurs besoins...