Les choses n’ont pas traîné. Comme il l’avait annoncé mercredi dernier sur le « Charles-de-Gaulle », François Hollande a décidé hier d’adoucir la restructuration en cours au sein de l’armée. A l’issue d’un conseil de défense, l’Elysée a annoncé que 7.500 postes seraient finalement épargnés d’ici à 2019, dont 1.500 dès cette année. La Grande Muette ne perdra donc plus « que » 18.300 emplois d’ici au terme de la loi de programmation militaire, 2018 en fait car 2019 était une année « blanche » de ce point de vue.
Si le chef de l’Etat a été obligé de revoir les plans de la LPM, c’est parce que l’armée est en surchauffe. Aux 9.000 hommes et femmes déployés en opération extérieure – dont un gros tiers dans le Sahel –, elle a dû en ajouter 10.500 de plus en quelques heures pour répondre aux nécessités du plan Vigipirate.
Bien qu’exceptionnel, ce déploiement correspond à la limite haute prévue par le Livre blanc de la défense, mais – surprise – aucune limite dans le temps n’a jamais été fixée ! Le constat s’est vite imposé : deux semaines pour patrouiller dans les rues et garder les lieux de culte, passe encore, mais plus longtemps, comme on s’y achemine, c’est impossible à tenir.
« La poursuite des déflations d’effectifs était de fait de plus en plus difficile à réaliser au regard de l’évolution de la menace. Avec Vigipirate en plus, l’armée se retrouve à l’os, ou presque, avec toutes les conséquences sur les relèves, les entraînements ou les permissions », résume-t-on en substance dans l’entourage de Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense. Pour ne rien arranger, l’armée a dû mobiliser près de 1.500 soldats supplémentaires pour renforcer la protection de ses propres sites.
En sauvant 7.500 postes, l’Elysée redonne donc un peu d’oxygène à la troupe. Le curseur a été calculé de sorte qu’elle puisse maintenir à la fois ses engagements actuels en Opex et ceux de Vigipirate pendant un mois. Et au-delà ? Mystère, car nul ne sait jusqu’à quand Matignon va laisser le niveau d’alerte à son maximum. Comme nul ne sait à ce stade comment seront financées ces moindres coupes d’effectifs.
Au ministère de la Défense, on évoque « quelques centaines de millions d’euros » à trouver. Pour y voir clair, l’Elysée a renvoyé la question à l’actualisation de la loi de programmation militaire qui va être accélérée : prévue en fin d’année, cette actualisation va devoir être bouclée dès cet été. Des travaux interministériels ont déjà démarré pour cela.
Le chef de l’Etat va aussi devoir trancher très vite sur l’autre question épineuse dont dépend la bonne exécution de la LPM : la mise en place du projet de location de matériel destiné à trouver les 2,2 milliards d’euros qui manquent dans le budget 2015 de l’armée. Jean-Yves Le Drian a présenté sa copie lors du conseil de défense (voir sur lesechos.fr), mais – aux yeux des Finances – le schéma a le tort d’être « consolidant », c’est-à-dire d’alourdir le déficit public. Mais au sein de la Défense, on reste serein : non seulement le chef de l’Etat a ordonné sur le porte-avions que ce projet soit mis en place, mais surtout Michel Sapin n’a fait aucune contre-proposition…
Dernière épée de Damoclès sur les crédits militaires : l’exportation du Rafale. La LPM a prévu que 7 exemplaires soient vendus l’année prochaine. Il faut donc signer un contrat dans les mois qui viennent, faute de quoi la situation sera intenable financièrement.
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L’Elysée épargne 7.500 postes dans l’armée
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