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La passion des Américains pour leurs chiens soldats

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Aux Etats-Unis, le bon patriote encourage les soldats en opérations. Tous les soldats : les chiens militaires bénéficient du même soutien populaire que leurs homologues sur deux jambes. Un musée, des monuments, une multitude d'associations... même les plus grands médias se passionnent pour le combat de ces working military dogs. Le site du magazine Foreign Policy a alimenté pendant près de trois ans une rubrique « chien de guerre de la semaine ». Dans le journal USA Today, une polémique est récemment née à propos de chiens abandonnés à l'étranger. Le New York Times consacrait en 2011 un long reportage à ces « compagnons bien aimés en Afghanistan ».

L'usage des chiens à la guerre est universel et presque intemporel : ils parcouraient déjà les champs de bataille de l'Antiquité. Au XXe siècle, ils servent à accompagner des patrouilles ou comme messagers. Certains sont des mascottes. Les médecins commencent également à se pencher sur le rôle que le chien peut jouer comme réconfort pour les soldats souffrant de traumatismes psychologiques. « En Afghanistan et en Irak, nous les avons principalement utilisés pour détecter des explosifs, explique Doug Miller, le responsable du programme canin du département américain de la Défense. Il est stupéfiant de voir à quelle distance ils peuvent les sentir. En temps de paix, ils assurent la sécurité des infrastructures, aux Etats-Unis comme à l'étranger. »

Le Vietnam, dette des Américains envers les chiens

La passion populaire pour les chiens militaires a été relancée avec la présence de l'un d'eux, Cairo, au sein du commando envoyé pour traquer Oussama ben Laden. « Nous recevons des demandes de la presse en permanence », témoigne une communicante du département de la Défense. Les Américains sont en réalité tourmentés par un mauvais souvenir qui date de la guerre du Vietnam. A la fin du conflit, lorsque les boys rentrent au pays, leurs chiens sont euthanasiés ou abandonnés sur place, comme le reste du matériel inutile.

« Mon père a fait le Vietnam, raconte Gail Snyder, directrice exécutive de la War Dogs association – Chapter 1. J'étais gênée par le fait qu'on ait abandonné ces chiens, comme de l'équipement. C'est pour cette raison que je me suis battue pour faire passer une loi. » Aux côtés des nombreux maîtres-chiens revenus sans leurs frères d'armes à quatre pattes, elle entame dans les années 1990 un long lobbying pour faire reconnaître le statut de ces animaux. Un combat qui aboutit en 2000 à l'adoption de la loi Robby : désormais les chiens bénéficient de droits. Leurs maîtres apprennent, comme n'importe quel marine avec son arme, à répéter cette rengaine : « Là où je vais, mon chien va. Là où mon chien va, je vais. »

Le combat des maîtres-chiens américains traumatisés par le Vietnam s'est traduit de différentes manières, comme la construction d'un monument dressé en hommages à ces héros oubliés. « Le monument national aux équipes canines a été construit en reconnaissance de la dévotion, de la loyauté et du sacrifice des chiens et de leurs maîtres depuis la Seconde Guerre mondiale », explique Jim Frost, l'un des initiateurs du projet. Au dos de la statue d'un homme et de quatre chiens, figure la liste de ceux, humains et animaux, qui sont tombés pour les guerres de l'Amérique.

Aidez un vétéran, adoptez un chien

Un tissu associatif très actif bataille pour ces chiens. Chaque animal se voit garantir un certain nombre de droits : il doit être soigné en cas de blessure, doit être bien traité et ne pas être abandonné. « La notion d'équipe est très importante, assure Jim Frost. De manière officieuse, le chien est considéré comme le supérieur hiérarchique de l'homme. » Et comme ses maîtres, l'animal se voit garantir une retraite après de bons et loyaux services.

Lorsqu'ils quittent l'armée, généralement après huit à dix ans, les chiens sont reconvertis comme les hommes. Beaucoup rejoignent la police. Ceux qui sont devenus trop vieux sont destinés à l'adoption. L'un des différents maîtres qu'il a eus pendant sa carrière est prioritaire. Pour les autres, des civils peuvent se proposer pour les accueillir, pour les dorloter, le temps d'une retraite bien méritée.

« Ces chiens sont des vétérans, rappelle Gail Snyder. Des gens veulent aider et ne savent pas trop quoi faire. C'est leur petit geste à eux. En général, ce sont d'anciens militaires. Beaucoup de chiens reviennent avec des syndromes de choc post-traumatique. Comme beaucoup de nos militaires. D'une certaine manière, ils se comprennent. »



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