Brasilia vient de mettre fin à plus de dix années de suspense : la force aérienne brésilienne (FAB) vient de rendre publique son entrée en négociations exclusives avec l'avionneur suédois Saab pour l'achat du Gripen NG, afin de rénover son parc d'avions de combat. La nouvelle a été annoncée par le ministre de la Défense Celso Amorim à l'occasion d'une conférence de presse qui s'est tenue ce soir.
Dans un communiqué, la force aérienne brésilienne souligne que ce programme d'acquisition porte sur 36 avions et s'étend jusqu'en 2023. Il représente un financement total d'environ 4,5 milliards de dollars. Ces nouveaux chasseurs doivent servir à mettre en place "un parc standardisé d'avions de combat multirôles" au milieu de la prochaine décennie, avec le retrait des F-5EM et des A-1M (AMX) prévu respectivement en 2025 et 2023.
Le petit monoréacteur de combat était opposé au F/A-18E/F Super Hornet de Boeing et au Rafale de Dassault dans le cadre de cet appel d'offres baptisé F-X2. Cette compétition avait été lancée, annulée puis ressuscité plusieurs fois et sous différentes formes depuis le début des années 2000.
A plusieurs reprises depuis 2007, des représentants de l'avionneur brésilien Embraer s'étaient discrètement déclarés favorables au Gripen suédois, arguant que la société pourrait prendre part de façon plus étroite aux futurs développements du Gripen qu'à ceux de ses compétiteurs.
Sans ce succès export, le Super Hornet de Boeing est encore plus menacé d'un arrêt pur et simple de sa chaîne de production, faute de commandes supplémentaires de la part de l'US Navy. Pour le Rafale, qui connaît là un nouveau revers à l'international, la situation est sur le papier moins dramatique puisque l'espoir de sécuriser un contrat indien en 2014 ou 2015 reste réel.
Dans un communiqué diffusé le 18 au soir, Dassault Aviation a déclaré que "les transferts de technologies sans restriction et les partenariats scientifiques, techniques et industriels demandés par le Brésil comptaient parmi les points fort de l'offre du GIE Rafale International, avec le soutien des autorités françaises". L'avionneur de Saint-Cloud ajoute regretter "que le choix se porte sur le Gripen, doté de nombreux équipements d'origine tierce, notamment américaine. Il n'appartient pas à la même catégorie que le Rafale : monomoteur et plus léger, le Gripen n'est pas équivalent en termes de performances et donc de prix. Cette logique financière ne prend en compte ni le ratio coût-efficacité favorable au Rafale, ni le niveau de la technologie offerte".
De son côté, Boeing a annoncé "regretter" la décision brésilienne, tout en ajoutant que celle-ci "ne diminuerait en rien les efforts de la société pour accroître sa présence, élargir ses partenariats et soutenir les besoins du Brésil en matière de sécurité". L'industriel américain ajoute qu'il "travaillera avec la force aérienne brésilienne" au cours des prochaines semaines pour "mieux comprendre sa décision".